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Alimentation du bétail « Sans atelier élevage, je produis des fourrages »

Florent Dory, dans la parcelle trèfle-luzerne-sainfoin. Le mélange de légumineuses fourragères reste en place trois ou quatre ans, puis est retourné pour être suivi d’un blé. © D. Péronne

Florent Dory cultive du maïs et des légumineuses afin d’en fournir à ses voisins éleveurs, demandeurs. Une pratique qui a aussi des vertus agronomiques.

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L’exploitation de Florent Dory, agriculteur à Guinglange, dans le centre Moselle, ne possède pas d’animaux. Pourtant cette année encore, ce sont 18 ha de maïs qui sont en culture, ainsi qu’un mélange luzerne-trèfle-sainfoin de 6 ha. Le reste de l’assolement 2020-2021 est constitué de 72 ha de blé, 22 ha d’orge d’hiver, 23 ha de tournesol, 6 ha de soja. Quelques hectares sont dédiés à des pommiers. À noter qu’en fin d’été 2020, le colza n’avait pu être semé, en raison de la sécheresse.

Une solidarité qui dure

Les fourrages, maïs et mélange de légumineuses, sont vendus sur pied à des éleveurs du secteur. Un système bienvenu pour ses collègues qui sont souvent en manque d’aliments « verts » pour leurs troupeaux. Surtout ces dernières années, marquées par l’absence de précipitations en fin de printemps et été. « Mon père travaillait déjà de cette façon, explique Florent, 59 ans, installé en 1985. Une part de la sole était dévolue au maïs ensilage, alors que nous n’avions pas d’animaux. Cette solidarité existait depuis longtemps, souvent parce que les petits éleveurs n’avaient pas le matériel pour cette production, en l’occurrence les semis et les traitements. Cette pratique est tombée en désuétude à la fin des années 1990. Puis ça a redémarré, l’organisation des chantiers d’ensilage requérant un travail commun, une bonne entente et la nécessité d’échanger. Il y a 7 exploitations sur notre commune de 330 habitants, dont 5 éleveurs. En discutant, nous nous sommes rendu compte du besoin pour eux de s’approvisionner localement en fourrages complémentaires. C’est quasiment une question de maintien de l’activité pour certains. »

Florent a démarré la luzerne il y a huit ans. La succession des cultures est la suivante : un colza, un blé, une culture de printemps - tournesol, féveroles, pois, soja ou lin oléagineux en fonction de la nature du sol, des conditions de l’année - puis à nouveau blé, orge, colza. Le maïs ou l’association luzerne-trèfle-sainfoin sont introduits là où il y a des problèmes de désherbage. Ce qui permet d’allonger les rotations sur une même parcelle. L’intérêt agronomique est indéniable avec la réduction des problèmes d’adventices, la restructuratio­n des sols et le « retour » azote, grâce aux légumineuses.

Implantation délicate

« Sur le blé qui suit, je réduis les apports d’environ 40 u d’azote/ha, souligne l’exploitant. En revanche, les légumineuses fourragères sont délicates à implanter, surtout ces dernières années avec le sec. Un semis à l’automne est plus sûr, mais il fait perdre un an de récolte car la culture ne sera productive que l’année suivante. »

Le mélange de légumineuses reste en place trois à quatre ans. Les fourrages sont vendus sur pied. Le volume récolté est cubé et détermine le prix de vente, et non la surface, pour davantage d’équité.

Pour le maïs, même système, néanmoins couplé à des analyses de qualité, car ce sont essentiellement des producteurs de lait qui en achètent. Celui-ci est vendu entre 550 et 1 400 €/ha, suivant la qualité. La marchandise n’est jamais payée en une fois. Un premier acompte est versé par les acheteurs à la commande, puis le solde une fois les silos faits. « C’est un système basé sur la confiance, insiste Florent. Il faut une souplesse d’esprit pour que ça fonctionne. » Afin de valider ces pratiques, il s’est engagé dans une démarche de certification HVE (1), de niveau 3.

D. Péronne

(1) Haute valeur environnementale.

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